Là où il pleuvait des mains
Ceci est un extrait du grand livre des douleurs, des peurs et des gênes, trempé de larmes et de sang. Le livre des colères féminines. Ce pays meurt, à feu et à sang. J’attends des gémissements et vis des deuils ! Tout cela, dans l’indifférence de tous. Il ne compte pour personne de sauver cette nation. Pourvu que dans ce chao désagréable pour les uns et profitable, ses richesses ne partent avec elle. Je crie, je pleure et me résigne face à ce drame. Je crie à l’aide puis face au silence, je me retiens. Je respire un grand coup et agis (du moins à ma manière). Enfin, qu’est-ce qui fait le plus mal ? Est-ce se faire taire ou crier sans se faire entendre ? La vie, en réalité celle que moi j’ai connue, n’a été qu’une salope. Elle ne m’a pas été tendre, elle m’a tout ôté. Une sœur, une mère, une amie et mes tuteurs. La vie n’est jamais gentille avec les personnes qui le sont avec elle. Elle emmerde, celle-là. Sans remord ni excuse ! Je n’ai certes pas la plume d’Ahmadou Kourouma, mais celle que je tiens a été arrachée d’un oiseau encore vivant. Ma plume pisse du sang, frissonne, grelotte et tressaille sous le froid du silence. Cette guerre risque de ne pas se terminer car le mal s’est généralisé. Ce n’est plus qu’une guerre, mais surtout une société qui se dessine et disparait dans les méandres de la violence. Je crie au viol, maman me rassure en me soufflant que, son traumatisme passera. Semble-t-il que près du Père, le cri des innocents ne réveille pas les anges gardiens en songe. En pleure, ma mère me réconforte. Puis elle en profite pour m’informer que tout ce que je traverse, elle l’avait elle aussi vécue. Des frères se font tuer et elle m’apprend que ce n’est pas nouveau.